DRESS aux antituberculeux : difficultés de prise en charge - 28/11/18
Résumé |
Introduction |
Le syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse ou Drug Rash with Eosinophilia and Systemic Symptoms (DRESS) est une toxidermie grave associant une éruption cutanée, une hyperthermie, des adénopathies diffuses, une éosinophilie sanguine et des atteintes viscérales. Les antituberculeux (ATBC) peuvent rarement causer un DRESS syndrome. Le but de l’étude est de préciser le profil clinique, paraclinique, thérapeutique et évolutif du DRESS aux ATBC à travers une série de 3 cas.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective menée sur une période de 17 ans (janvier 2001–mai 2018) au service de dermatologie.
Résultats |
Durant la période d’étude, 65 cas de DRESS étaient colligés dont seulement 3 cas étaient imputés aux ATBC (fréquence=4,6 %). Il s’agit de 2 femmes et un homme âgés de 46, 82 et 86 ans. Deux patientes étaient atteintes de tuberculose (TBC) ganglionnaire et un patient présentait une TBC pulmonaire. Une quadrithérapie antituberculeuse à base de rifampicine (RMP), isoniazide (INH), éthambutol (EMB) et pyrazinamide a été instaurée pendant 2 mois dans tous les cas. Le délai moyen d’apparition de l’éruption est estimé à 30jours. L’examen trouvait une fièvre (3 cas), des adénopathies (3 cas), et un oedème du visage (1 cas) et des membres (1 cas). Tous nos patients présentaient une érythrodermie desquamative. Des lésions vésiculopustuleuses s’y associaient dans un cas. À la biologie une hyperéosiophilie était notée chez deux patients (6500–8500/mm3). Une cytolyse hépatique était présente dans tous les cas (2–4 fois la normale). Une insuffisance rénale était constatée dans 2 cas. Selon REGISCAR, le diagnostic de DRESS a été retenu avec certitude (2 cas) et il était probable (1 cas). L’arrêt des ATBC, les antihistaminiques et les dermocorticoïdes ont permis une évolution favorable au bout de 2 semaines dans tous les cas. Le test de réintroduction était réalisable dans un cas et les patch-tests n’étaient pas possibles chez les deux autres patients. La RMP et l’EMB étaient imputés selon des critères extrinsèques (C2S2I2B2) dans un cas et (C3S3I4B3) dans le 2e cas. Le test de réintroduction incriminait l’EMB chez une patiente permettant la reprise de l’INH et de la RPM avec succès pendant 4 mois. Les ATBC étaient remplacés dans un cas par les fluorquinolones.
Discussion |
Le DRESS syndrome induit par les ATBC est rare (1,7 à 2,8 % des DRESS). Notre pays reste un pays endémique de tuberculose pouvant expliquer la fréquence élevée dans notre série. La présentation clinicobiologique est généralement typique d’un DRESS. La plupart des cas rapportés faisait suite au traitement ATBC combiné. La réintroduction des ATBC, afin d’identifier la ou les molécule(s) incriminée(s), est difficilement réalisable étant donné les risques qui en découlent comme c’est le cas de nos deux patients. D’où l’intérêt des patch-tests permettant d’identifier le médicament inducteur. La prise en charge du DRESS en dehors de l’arrêt du médicament incriminé n’est pas codifiée posant un problème thérapeutique de la tuberculose active.
Conclusion |
À travers ces 3 cas, nous soulignons la rareté de DRESS aux antibacillaires tout en soulevant la difficulté de prise en charge thérapeutique et l’identification du médicament incriminé.
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Vol 39 - N° S2
P. A196-A197 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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